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Les salariés à l’épreuve de la flexibilité
Titre : Les salariés à l'épreuve de la flexibilité
Auteur : Esteban Martinez
Année : 2010
Editeur : Editions de l’Université de Bruxelles, collection sociologie et anthropologie
Pages : 248
ISSN : 25935895
Qu’est-ce qui pousse les salariés à travailler sans limites, à dépasser leurs horaires ou à se contenter d’un temps de travail réduit ? C’est qu’ils n’ont pas le choix. Cet ouvrage se penche sur cette « flexibilité » qui est tant valorisée dans le travail aujourd'hui.
Après avoir fait ses heures, tôt le matin, une « technicienne de surface » se repose dans le vestiaire en attendant les quelques heures en plus que son chef d’équipe lui a promises. Un cadre se surprend le dimanche soir à consulter ses courriels pour planifier sa semaine. Une infirmière en repos compensatoire est rappelée pour remplacer une collègue absente. Une étudiante, pensant décrocher un job de vacance, n’obtient que des missions d’intérim ponctuelles au moment des soldes. Un « opérateur » de l’industrie automobile devra moduler son temps de travail, et faire jusqu’à 48 heures par semaine, selon les fluctuations de la production…
Ce qui compte avant tout c’est la flexibilité de l’organisation du travail. De fait, les temps ont changé depuis l’époque où des emplois stables, inscrits dans des horaires collectifs, assuraient une synchronisation de tous les temps de la vie sociale. Aujourd’hui, les variations du temps de travail sont banalisées, et le temps libre réservé à la vie familiale et personnelle est envahi par le travail.
C’est à travers l’expérience de salariés − ouvrières du nettoyage, infirmières hospitalières et cadres de la banque − que sont mis en évidence des modes différenciés de consentement à la disponibilité temporelle, dans lesquels la préservation de l’emploi, l’attachement aux valeurs professionnelles et les perspectives de carrière jouent un rôle décisif. Des modes contrastés d’organisation du travail et d’usage du temps vont ainsi apparaître comme une des clés de compréhension de la segmentation sociale et sexuelle de l’emploi.